- Droit Commercial et Economique
- Mathieu Maniet - Leo Peeters
- le droit belge de la concurrence , PME , Autorité Belge de la Concurrence
Il s’agit désormais d’un lieu commun : la Belgique est un pays de PME.
Parce que bon nombre d’entre elles ne disposent pas d’un service juridique, il convient d’informer
du mieux possible les entrepreneurs sur les législations en vigueur susceptibles d’influencer la
conduite de leurs activités.
Dans une économie ouverte comme celle de la Belgique, des notions de droit belge de la concurrence
peuvent se révéler primordiales.
A cet effet, l’Autorité Belge de la Concurrence a publié, le 4 juillet 2016, un guide pratique pour
les PME belges. Nous en présentons ici un résumé succinct.
Vous pouvez prendre connaissance du guide en cliquant ici.
Le guide est composé de quatre grands points :
1. Les règles de concurrence applicables en Belgique ;
2. Les interdictions absolues ;
3. Les conséquences d’une violation de l’interdiction des pratiques restrictives; et
4. Des conseils pour développer un programme de conformité adapté à votre entreprise.
Le guide rappelle utilement qu’il existe des règles de concurrence prévues tant par le droit belge (CDE) que par le droit européen (TFUE). Ces règles sont globalement assez similaires.
Il existe deux types de pratiques restrictives de concurrence : les accords interdits et les abus de position dominante.
Les accords interdits comprennent tous les contrats et accords dont le but est de restreindre la
concurrence ou qui entrainent une restriction de la concurrence.
Il existe cependant des exceptions qui s’appliquent pour autant que les conditions soient réunies.
En outre, la Commission européenne a publié un certain nombre d’exemptions par catégorie, parmi
lesquelles l’exemption pour les restrictions verticales est pertinente pour les PME. Sauf les
dénommées hardcore restrictions abordées ultérieurement, la plupart des mesures restrictives
potentielles sont autorisées si la part de marché des fournisseurs et des acheteurs sur le marché
pertinent est plus petite que 30% et si l’accord ne vaut pas pour plus de cinq ans.
En plus, elle a publié une communication sur les accords ayant un impact estimé trop faible pour
vraiment restreindre la concurrence.
Une entreprise qui occupe une position dominante sur un marché de biens ou de services ne peut pas en abuser. Il est possible que certaines PME occupent une telle position dominante, dans un marché de niche par exemple. L’abus pourrait consister en l’application de prix excessifs, trop bas ou discriminatoires ou encore en des refus d’approvisionnement.
Enfin, les concentrations d’entreprises sont également contrôlées. Les opérations de
concentration doivent être notifiées et préalablement approuvées si les entreprises concernées
totalisent ensemble un chiffre d’affaires en Belgique de plus de 100 millions d’euro et qu’au moins
deux d’entre elles ont un chiffre d’affaires en Belgique d’au moins 40 millions d’euro.
Cela peut concerner les PME, et une entreprise avec un chiffre d’affaires de 40 millions d’euro
doit y être attentive en cas de reprise.
Il est strictement interdit de :
Les entreprises concernées sont naturellement soumises à des amendes pouvant s’élever jusqu’à
10% du chiffre d’affaire consolidé en Belgique.
Les personnes physiques qui commettent l’infraction s’exposent également à des amendes pouvant
atteindre 10.000 euro.
En cas d’entente sur les marchés publics, des sanctions pénales dont l’emprisonnement peuvent être
infligées.
Pour information, l’un de nos précédents
articles concernant les lignes directrices sur la clémence en cas de cartel traite notamment
des conditions de l’exonération dont peut bénéficier une entreprise et de l’immunité de poursuite
pour les personnes physiques.
Sur le plan contractuel, les clauses interdites sont considérées par le juge comme nulles et les
personnes préjudiciées peuvent réclamer une indemnisation.
A côté des programmes de conformité en droit fiscal, social ou de l’environnement qui peuvent
déjà exister dans une entreprise, l’Autorité Belge de la Concurrence donne des conseils pour
établir un programme de conformité au droit de la concurrence.
La première étape est d’évaluer les risques, et notamment de déterminer la position de l’entreprise
sur le marché (position dominante, parts de marché, accords conclus,…).
Il peut ensuite être opportun de rédiger un code de bonne conduite, à porter tout particulièrement
à la connaissance des personnes exposées aux risques.
Il est également utile de désigner un responsable de la conformité, servant de point de contact et
de conseiller mais également de rapporteur aux actionnaires et dirigeants de l’entreprise.
Les personnes exposées au risque devraient idéalement suivre une formation lors de leur entrée en
fonction mais également de manière ponctuelle au cours de leur carrière afin de pouvoir identifier
les écueils et acquérir les bons réflexes.
Ce guide dispense un certain nombre d’informations pratiques et utiles aux PME. Cependant, il
n’est pas exhaustif et a pour principale fonction de sensibiliser les entreprises au droit de la
concurrence.
Il constitue donc seulement un premier outil de prévention contre les violations des règles de
droit de la concurrence.
Une entreprise dont les activités sont susceptibles d’entrainer une application des règles du droit
de la concurrence ou qui envisage une opération visée aux points 1 et 2 ci-dessus doit absolument
consulter un conseil juridique.
Il est évident que nous sommes à votre disposition pour vous aider à éviter tout problème lié au
doit de la concurrence, pour vous assister pour toute opération (acquisition, vente ou fusion de
votre entreprise) et pour vous accompagner dans les relations avec l’Autorité Belge de la
Concurrence.