- Droit Commercial et Economique
- Lynn Pype - Griet Verfaillie
- conditions générales , opposable , commerce électronique , facture , choix de juridiction , contrat en ligne
L’acceptation des conditions générales de vente suppose que la partie contractante a pris
connaissance des conditions et les ait acceptées.
Dans un monde parfait, les conditions générales de vente seraient notifiées au moment de la
conclusion du contrat au plus tard et seraient signées explicitement par le cocontractant. En
réalité, il n’est pas toujours possible d’arriver à ce résultat. La question qui se pose est celle
de savoir à quoi il faut faire attention afin de garantir l’opposabilité des conditions générales.
Lorsque le contrat est réalisé sur l’internet, l’article 8 §2 de la loi relative au commerce
électronique prévoit que les conditions générales communiquées au destinataire doivent l’être d’une
manière qui lui permette de les conserver et de les reproduire. Au moins, lors du processus de
vente, une référence doit explicitement être faite aux conditions générales, en établissant un
hyperlien menant aux conditions générales. Cependant, cette pratique peut encore donner lieu à de
plus amples discussions. Malgré la preuve de la notification des conditions générales,
l’acceptation de ces conditions doit également être prouvée. Seulement la référence via un
hyperlien aux conditions générales, peut produire des doutes si le destinataire a en effet pris
connaissance des conditions, soit les a acceptées.
En ce qui concerne la connaissance des conditions générales, il est recommandé de les publier
intégralement sur le site web ou d’obliger la partie contractante à les télécharger. En pratique,
l’acceptation des conditions générales est souvent réalisée en cliquant sur une déclaration de
conformité des conditions générales, dans laquelle les conditions générales apparaissent dans un
pop-up, soit en faisant défiler la page contenant les conditions générales, vers le bas pendant la
conclusion de la transaction. A défaut de ce faire, le risque existe que les conditions générales
ne soient pas opposables.
En outre, il ne doit pas être perdu de vue que les conditions générales doivent être rédigées dans
chaque langue, dans laquelle il est possible de visiter le site web.
Dans des relations commerciales, on travaille souvent avec des conditions générales de vente qui
sont comprises au dos d’une facture. Comme principe général, il est bel et bien établi aujourd’hui
que lorsque la facture n’est pas contestée, les conditions générales, qui sont notifiées au
cocontractant via la facture, sont d’application. Ce principe découle de l’article 25 du Code de
commerce, ce qui dispose qu’une facture acceptée fait preuve de l’existence d’une convention entre
parties.
Ceci suppose évidemment que le texte intégral des conditions générales est imprimé sur la facture.
Un autre pratique qui est utilisé de temps en temps, est la référence dans la facture de conditions
générales se trouvant sur le site web. En général, une telle référence ne suffit pas afin de
pouvoir déterminer si les parties ont conclu un accord par rapport aux conditions générales.
Pour que les conditions générales soient opposables, il est donc nécessaire qu’elles soient
imprimées sur la facture, dans une langue compréhensible pour le destinataire.
Néanmoins, le choix de juridiction est une exception importante au principe susmentionné. La
jurisprudence décide de manière constante que lorsqu’un choix de juridiction contenu dans les
conditions générales se trouve uniquement au dos d’une facture, et lesquelles ne sont pas notifiées
préalablement au cocontractant, ce dernier n’est pas présumé d’avoir accepté le choix de
juridiction, même s’il n’a pas dûment contesté la facture.
En vertu de l’article 23 du Règlement Bruxelles I, un choix de juridiction valable requiert un
accord. Afin d’obtenir un accord du tribunal compétent, il est nécessaire que le choix de
juridiction soit accepté au moment le contrat est conclu. Ceci peut être réalisé en faisant signer
l’ordre par le cocontractant qui contient les conditions générales. Si le choix de juridiction
n’est qu’imprimé au dos de la facture, il ne peut pas être appliqué. La facture est toujours
envoyée après conclusion du contrat, ce qui ne fait pas preuve d’un accord valable entre parties
concernant le tribunal compétent.
De ces règles, il existe des exceptions, notamment lorsque des relations commerciales stables et
courantes peuvent être déterminées entre parties. Dans ce cas, le tribunal peut accepter que le
choix de juridiction fasse partie de la convention. La notion « relations commerciales courantes »
n’est cependant pas définie. Il appartient donc au tribunal de le déterminer in concreto.
Il est donc recommandé d’obtenir un accord sur le choix de juridiction au moment où le contrat est
conclu afin d'éviter des discussions relatives au tribunal compétent.
Il est a noté que le susmentionné n’est d’application qu’aux relations business to business. En ce
qui concerne les consommateurs, un choix de juridiction décoratoire au droit commun, n’aura en
principe aucun effet.