- Droit des Sociétés et M&A , Droit Immobilier, Location et Copropriété
- Ann Vranken - Alain De Jonge
- succession internationale , Certificat successoral européen , héritier , défunt
Le Règlement européen en matière de droit successoral (ci-après RES) harmonise les règles du
Droit International Privé (DIP) concernant la juridiction compétente et la loi applicable en cas de
successions internationales.
C’est dès lors une démarche importante vers la simplification de la succession transfrontalière.
Le Règlement fait en sorte que toute succession reçoit un traitement cohérent sous un seul régime
successoral et par une seule instance juridique. Cela évite que des procédures parallèles pouvant
éventuellement entraîner des décisions contradictoires soient engagées.
Ce Règlement est applicable dans toute l’Union Européenne, sauf au Danemark, en Irlande et au
Royaume-Uni.
Il est question d’une succession internationale dès que différents pays sont impliqués
Il est question d’une succession internationale dès que différents pays sont impliqués à une
succession, par exemple lorsque le défunt a une seconde résidence à l’étranger ou détient des
actions ou des participations dans une société établie dans un autre Etat membre, lorsque le défunt
possède une autre nationalité que celui du pays où il avait sa dernière résidence habituelle ou
lorsqu’il a des héritiers qui sont domiciliés dans un autre Etat membre…
Selon le principe général, les juridictions de l’Etat membre où un défunt avait sa dernière
résidence habituelle sont compétentes pour se prononcer sur la succession dans l’ensemble.
Le principe général qui part de la dernière résidence habituelle du défunt connaît toutefois
quelques exceptions, à savoir :
Ici aussi, le principe général est que le point de rattachement est la dernière résidence
habituelle du défunt. Le droit du pays où le défunt avait, au moment du décès, sa résidence
habituelle, est applicable à la succession dans l’ensemble. Cela vaut donc pour toute la
succession.
Le principe général est que le point de rattachement est la dernière résidence habituelle du défunt
Le RES opte donc pour un régime unitaire, alors que la Belgique connaît, jusqu’à présent, un
régime scissionniste (pour les biens meubles la résidence habituelle, pour les biens immeubles le
pays dans lequel ils sont situés).
Ce principe général connaît, lui aussi, quelques exceptions :
Le RES prévoit aussi un certain nombre de régimes d’exception pour les dispositions de dernière
volonté, les déclarations d’acceptation ou de répudiation de la succession, la désignation d’un
administrateur de la succession, les règles particulières qui sont applicables dans un Etat membre
et qui imposent des restrictions concernant la dévolution de certains éléments d’une succession,
les successions vacantes.
Le RES règle la circulation de décisions en matière de droit successoral, d’actes authentiques
et de transactions judiciaires dans les Etats membres européens.
Dorénavant, une décision qui est rendue dans un Etat membre sera reconnue dans toute l’UE.
Les décisions qui sont exécutoires dans l’Etat membre où elles ont été rendues sont exécutoires
dans d’autres pays de l’UE lorsqu’elles ont été déclarées exécutoires, à la demande d’une partie
concernée, par la juridiction locale ou par l’autorité compétente selon la procédure prévue dans le
RES. En cas de contestation de la décision, on peut également avoir recours à cette procédure.
L’exactitude d’une décision qui a été rendue dans un Etat membre n’est en aucun cas examinée (donc
pas de contrôle du contenu).
La non-reconnaissance d’une décision n’est possible que dans les cas suivants :
Les actes authentiques passés dans un Etat membre ont, dans un autre Etat membre, la même force
probante que dans l’Etat membre d’origine à la condition qu’ils ne soient pas manifestement
contraires à l’ordre public de cet autre Etat membre.
Les actes authentiques qui sont exécutoires dans le pays de l’UE où ils ont été passés sont
exécutoires dans d’autres pays de l’UE lorsqu’ils ont été déclarés exécutoires, à la demande d’une
partie concernée, par la juridiction locale ou par l’autorité compétente.
Le RES crée un certificat successoral européen uniforme pour les héritiers, les légataires ayant
droit directement à la succession, les exécuteurs testamentaires et les administrateurs de la
succession.
Celui-ci peut être utilisé pour fournir la preuve :
L’utilisation du certificat successoral n’est toutefois pas obligatoire. Si des documents
existent déjà pour des fins similaires dans les Etats membres, ceux-ci peuvent également être
utilisés.
Le certificat successoral sortit des effets juridiques dans tous les Etats membres qui relèvent du
RES sans qu’une procédure ne soit requise. Un certificat successoral est en principe valable
pendant 6 mois.
Le grand mérite du RES est qu’il permet une harmonisation et une simplification du droit
successoral en cas de successions internationales.
La clarté a désormais été faite sur la juridiction compétente et la loi applicable en matière de
successions internationales et les héritiers ne doivent plus s'adresser à des notaires et des
tribunaux dans plusieurs Etats membres. De ce fait, le règlement d’une succession transfrontalière
devient beaucoup plus simple et implique moins de frais. La pratique devra toutefois encore
démontrer si toutes les instances compétentes seront bien en mesure de transformer le RES en
réalité.
Le RES instaure un certain nombre de changements importants par rapport au droit successoral belge
actuel, tant pour ce qui concerne la juridiction compétente que pour ce qui concerne la loi
applicable en cas de successions transfrontalières.
Sur la base du nouveau droit successoral européen, la loi du pays de la dernière résidence
habituelle du défunt est applicable à la succession et le choix de la loi applicable du défunt est
limité à la loi du pays de sa nationalité au moment du choix ou au moment du décès.
Les personnes de nationalité belge peuvent choisir la loi belge comme droit applicable
Les personnes de nationalité belge peuvent donc choisir la loi belge comme droit applicable.
Le régime concernant la partie réservataire (part héréditaire minimum) à laquelle les enfants d’un
défunt ont droit dans notre pays n’est pas applicable dans d’autres Etats membres et peut donc,
dans certains cas, être compromis. Il est possible que certains héritiers perdent cette protection
suite à l’application du droit successoral européen lorsque le défunt déménage à l’étranger et que
la loi de ce pays devient applicable à la succession. Dans ce cas, il peut être opportun de choisir
la loi du pays de la nationalité, donc la Belgique, comme loi applicable.
Les étrangers qui sont domiciliés en Belgique relèvent de l’application du droit successoral belge,
sauf s’ils choisissent la loi du pays de leur nationalité comme loi applicable.
Pour les personnes qui possèdent un bien immeuble dans plusieurs Etats membres qui relèvent du RES,
un planning immobilier peut être très utile.
L’aspect fiscal de la succession n’est pas réglé par le Règlement en matière de droit successoral.
Les droits de succession continuent donc à relever de la compétence de chaque Etat membre. Le droit
matrimonial n’est pas non plus réglé au niveau européen.
Vous pouvez consulter le RES en cliquant ici.