- Droit Immobilier, Location et Copropriété
- Alain De Jonge
- TVA optionnelle , location immobilière professionnelle
En dépit des avis contraires, le régime optionnel de TVA pour la location immobilière grevée de TVA a tout de même été introduit. Il est prévu que ce régime, une fois approuvé par la Chambre, entrera en vigueur le 1er octobre 2018. Cela profitera à notre secteur logistique qui, jusqu’à présent, était désavantagé sur le plan concurrentiel par rapport à nos pays voisins.
Nous vous avions déjà
informés que le gouvernement actuel avait, dans l’accord d’été du 26 juillet 2017, décidé de
mettre en place un régime optionnel pour la location immobilière grevée de TVA.
Quelques mois plus tard, en novembre 2017, nous écrivions que le régime de TVA optionnel
sur la location professionnelle ne serait pas instauré en raison de son grand impact sur le budget
de notre pays.
Pendant le contrôle budgétaire du 24-25 mars 2018, le gouvernement a quand même décidé d’instaurer
le régime de TVA optionnel et a adopté l’avant-projet de loi modifiant le code de la TVA qui doit
encore être approuvé par la Chambre des Représentants. Une fois approuvée, la nouvelle
réglementation entrera en vigueur le 1er octobre 2018.
Sous la nouvelle réglementation, on pourra choisir de soumettre la location immobilière à la TVA. Cette option pour la taxation est soumise à deux conditions de fond :
La location concerne des bâtiments ou des fractions de bâtiments, y compris, le cas échéant, le sol y attenant ;
Les biens visés sont loués à un preneur (assujetti) qui les utilise exclusivement dans le cadre de l’activité économique lui conférant la qualité d’assujetti.
Cette option ne peut par conséquent pas être prise dans le cadre d’une location à des
particuliers et autres non-assujettis, ni au cas où des assujettis utilisent les biens pour leurs
besoins privés. La location de l’immobilier résidentiel, comme des maisons de repos ou des
résidences d’étudiants, par le propriétaire à l’exploitant, n’est cependant pas exclue de l’option.
Les fractions de bâtiments sont seulement prises en considération pour l’option que lorsqu’elles
peuvent être économiquement exploitées de façon autonome, par exemple avec une entrée séparée. Un
bâtiment utilisé de manière mixte peut être divisé en deux parties, dont l’une est utilisée
exclusivement aux fins de l’activité économique.
La taxation de la location est seulement possible quand on a opté expressément en ce sens. Cette
option doit être exercée conjointement par le loueur et le preneur. Les modalités d’application
concrètes de cette option doivent être déterminées par Arrêté Royal.
Cette option vaut pour toute la durée du contrat de location. Si les parties concluent un nouveau
contrat de location, elles ont à nouveau le droit d’exercer l’option. Cela vaut en cas de
renouvellement de la location.
Une exception précédente à l’exonération de TVA pour la location immobilière, sous certaines
conditions, pour la mise à disposition d’emplacements pour l’entreposage de biens, est remplacée
par cette nouvelle réglementation optionnelle. Les contrats en cours restent soumis à l’ancienne
réglementation jusqu’à la fin de la location. L’exception existante pour la location-financement
d’immeubles ou le leasing immobilier est maintenue et les conditions strictes de l’Arrêté Royal
n°30 du 29 décembre 1992 doivent être respectées.
Pendant la durée du contrat de location, il se pourrait que les conditions pour la taxation ne
soient plus remplies. Dans ce cas, l’option cessera d’avoir effet de plein droit pendant le temps
où les conditions ne sont pas remplies. Cela conduira alors, tant que la période de révision n’a
pas expiré, à une révision de la TVA déduite initialement sur le coût de la construction ou le prix
d’acquisition du bâtiment pour la durée du bail restante. Les loueurs peuvent naturellement se
prémunir contractuellement contre les conséquences financières d’un usage modifié du bien
immobilier par le locataire.
Le contrat de location initial peut également prendre fin (via résiliation, dissolution ou
échéance du terme) dans le délai de révision qui s’applique à la TVA grevant le bâtiment. A cet
égard, une révision peut être opérée, sauf si le loueur démontre qu’il a entrepris des démarches
suffisantes pour louer le bien avec TVA, ou si l’inoccupation est la conséquence de circonstances
par lesquelles aucune activité économique ne peut être exercée dans le bâtiment, par exemple après
un incendie. Les périodes avec application d’un loyer gratuit prévues dans le contrat ne donnent
pas lieu à révision. Pour ce régime TVA optionnel, la période de révision est portée à 25 ans.
Cette période commence à courir le premier jour de mise en service du bien.
Cette réforme a en premier lieu pour objectif de promouvoir le secteur de la logistique en
Belgique, qui était désavantagé sur le plan concurrentiel de par l’exemption de TVA, en comparaison
avec nos pays voisins. En outre, cette réglementation souhaite également promouvoir dans d’autres
secteurs les nouvelles constructions, en ce compris pour les rénovations fondamentales de
bâtiments.
La nouvelle réglementation est en effet seulement applicable pour la location immobilière de
projets de nouvelles constructions : donc seulement pour des bâtiments nouvellement construits à
partir du 1er octobre 2018, et pour lesquels aucune TVA n’est encore devenue exigible avant le 1er
octobre 2018 sur les coûts directement liés à ces projets. Des travaux préparatoires ne peuvent
donc pas être facturés avant le 1er octobre 2018 (par exemple, les honoraires d’architecte).
La réglementation décrite ci-dessus est pour le moment encore un projet. Nous vous tenons au
courant des développements ultérieurs.