News
Par une Recommandation et deux propositions de Directive, la Commission européenne a montré sa
volonté de promouvoir et d’améliorer la gouvernance d’entreprise ainsi que d’harmoniser un peu plus
le droit européen des sociétés.
Cet article a pour objectif de présenter brièvement les nouveautés proposées par ces trois
textes.
1. Recommandation sur la qualité de l’information sur la gouvernance d’entreprise des
entreprises cotées
Les dispositions en matière de gouvernance d’entreprise ne sont généralement pas
contraignantes.
Selon le principe “comply or explain”, une entreprise doit toutefois expliquer pourquoi elle ne
respecte pas les codes de gouvernance.
Or, ces explications sont souvent insuffisantes et insatisfaisantes.
C’est pourquoi la
Commission a voulu, par cette Recommandation, fournir des orientations aux sociétés cotées, mais
aussi aux investisseurs et aux Etats membres, dans l’objectif d’améliorer la qualité des
déclarations et des informations que les sociétés cotées publient en matière de gouvernance
d’entreprise.
Les informations doivent être suffisamment claires, précises et complètes pour permettre aux
parties intéressées d’apprécier les conséquences des dérogations faites aux codes de gouvernance
d’entreprise.
Nous verrons dans les prochaines années si ces orientations auront suffi à améliorer
significativement la qualité de l’information sur la gouvernance d’entreprise des sociétés cotées
mais il s’agit déjà d’un pas en avant.
2.
Proposition de Directive modifiant la Directive sur les droits des actionnaires
Le constat du manque d’implication de la plupart des actionnaires minoritaires dans les sociétés
dans lesquelles ils ont investi a conduit la Commission à modifier la Directive 2007/36/CE.
Une manière d’impliquer les actionnaires est de promouvoir leur engagement à long terme.
Plusieurs mesures sont prévues, notamment : une meilleure identification des actionnaires afin
qu’ils puissent exercer leurs droits de manière plus effective; une plus grande transparence des
investisseurs institutionnels et des gestionnaires d’actifs quant à leur politique d’investissement
et d’engagement à l’égard des sociétés dont ils sont actionnaires ; un droit de regard des
actionnaires sur la rémunération des dirigeants, notamment via la publication d’informations
claires, comparables et complètes sur la politique de rémunération. Celle-ci sera en outre
périodiquement soumise au vote des actionnaires.
La proposition de Directive élargit donc considérablement le contenu de la Directive 2007/36/CE
et semble donner une dimension plus subjective à la transparence.
Encore une fois la Commission va dans le bons sens en s’intéressant à l’investissement des
actionnaires, mais il reste à déterminer si ces mesures auront des effets positifs concrets
concernant l’implication de ces actionnaires dans les sociétés dans lesquelles ils
investissent.
3. Proposition de Directive relative aux sociétés unipersonnelles
Il s’agit de sociétés unipersonnelles à responsabilité limitée.
L’harmonisation de cette nouvelle forme juridique permet d’éviter les obstables actuels à
l’activité économique des PME au delà de leurs frontières. Il sera plus facile pour une PME
d’exercer ses activités dans un autre pays de l’Union, sans avoir à procéder aux formalités prévues
actuellement.
La Societas Unius Personae ou “SUP” est la dénomination qu’elle aura dans tous les Etats
membres. Elle sera intégrée dans chaque législation nationale.
L’immatriculation de la SUP pourra directement être faite en ligne. Cela pose, selon certains
observateurs, des problèmes liés à la vérification de l’identité des fondateurs, pourtant
obligatoire dans la lutte contre le blanchiment de capitaux. De même, l’absence de formalités ne va
pas dans le sens de la prévention des risques du financement du terrorisme et de la fraude
fiscale.
Un modèle uniforme de statuts est prévu dans la proposition de Directive. Celui-ci est
disponible dans toutes les langues de l’Union.
Un capital minimal d’un euro est exigé pour constituer une SUP. Un test de bilan et de solvabilité
auront pour objectif de protéger les créanciers.
Cette proposition de Directive a en tout cas soulevé de nombreuses critiques concernant les
droits des travailleurs, l’évasion fiscale, la lutte contre le blanchiment d’argent et la
gouvernance d’entreprise.
On peut saluer le travail de la Commission dont les initiatives ont clairement des objectifs
louables. Les deux propositions de Directive doivent désormais être examinées et discutées par le
Conseil et le Parlement. Il y a de grandes chances pour que la proposition concernant la SUP fasse
l’objet de nombreux débats.