- Droit de l'Art
- Ann Vranken - Griet Verfaillie - Leo Peeters
- droit de suite , oeuvre d'art , plate-forme unique
Le droit de suite est une rémunération dont bénéficie un auteur d'une oeuvre graphique à
l'occasion de tout acte de revente de son oeuvre après la première cession, dans lequel
intervient un professionnel du marché de l'art, en tant que vendeur, acheteur ou intermédiaire.
Il s'agit notamment de ventes d'oeuvres d'art dans lesquelles sont impliquées des
galeries d'arts, des marchands d'art, les salles de ventes publiques, etc ..
Le droit de suite vise à assurer à tout auteur (ou ses successeurs) d'oeuvres d'art
graphiques ou plastiques une participation économique au succès de leurs créations suite à la
première cession.
Sans ce droit de suite, les artistes, qui au début de leur carrière ne peuvent vendre leurs oeuvres
que pour un prix relativement bas, ne pourraient pas profiter du succès qu'ils acquièrent par
la suite lorsque leurs oeuvres prennent de la valeur sur le marché de l'art.
Les oeuvres concernées sont des oeuvres d'art originales, à savoir des oeuvres d'art
graphiques ou plastiques, telles que les collages, les peintures, les dessins, les gravures, les
estampes, les lithografies, les sculptures, les tapisseries, les céramiques, les verrerries et les
photographies.
Le droit de suite existe déjà depuis 1921 en Belgique.
La Directive européenne 2001/84/EG du 27 septembre 2001 relative au droit de suite au profit de
l'auteur d'une oeuvre d'art originale a harmonisé le champ d'application ainsi que
les tarifs.
Les professionnels du marché de l'art qui sont impliqués dans une revente d'une oeuvre d'art sont solidairement tenus de notifier la vente dans les 3 mois
La transposition et l'exécution de la transposition de la Directive 2001/84/EG ont été mis
en oeuvre par loi en 2006 et arrêté royale en 2007.
Le droit de suite est calculé sur base du prix de revente hors taxe, pour autant que celui-ci ne
soit pas inférieur à 2.000 EUR.
Le montant du droit de suite est calculé sur base d'un pourcentage dégressif, débutant avec 4 %
sur la première tranche de 50.000 EUR et allant jusqu'à 0,25 % sur la partie du prix de revente
qui excède 500.000 EUR. Le montant total du droit de suite ne peut toutefois pas dépasser 12.500
EUR.
Le droit de suite ne s'applique pas aux actes de revente lorsque le vendeur a acquis
l'oeuvre d'art, dont le prix ne dépasse pas 10.000 EUR, directement de l'auteur moins
de 3 ans avant cette revente. Ceci est intéressant pour les galeries d'art dont le travail
consiste à promouvoir de jeunes artistes et qui pour ce faire réalisent d'importants
investissements (expositions, livres, catalogues...).
Les professionnels du marché de l'art qui sont impliqués dans une revente d'une oeuvre
d'art en tant que vendeur, acheteur ou intermédiaire, et le vendeur sont solidairement tenus de
notifier la vente dans les 3 mois (au plus tard le 20ième jour suivant chaque trimestre civil) à
l'auteur ou à la société chargée de la gestion de ses droits. Le droit de suite doit être payé
endéans un délai de 2 mois suivant la notification.
Pour les reventes effectuées dans le cadre d'une vente aux enchères publiques, la notification
doit être faite endéans le délai d'un mois suivant la vente. Ici également le droit de suite
doit être payé endéans les 2 mois suivant la notification.
A l'expiration de ces délais, les droits de suite, qui n'ont paspu être payé, devront
l'être sur un compte commun des sociétés de gestion, désignées par l'arrêté royale de 2007,
notamment la Sabam en la Sofam.
Ces sociétés sont tenues de publier une fois par an dans le Moniteur Belge ainsi que sur leur site
internet :
- la liste des ayants droit dont les oeuvres ont fait l'objet d'une revente ayant donné
lieu au cours de l'année précédente au versement du droit de suite sur le compte commun, ou
- à défaut d'identification des ayants droit, la liste des oeuvres ayants fait l'objet au
cours de l'année précédente d'un versement du droit de suite sur le compte commun.
L'action de l'auteur relative au droit de suite se prescrit par 3 ans.
Dans la pratique, l’exercice du droit de suite soulève de nombreux problèmes: il n'y a
parfois pas de paiement continu, les artistes sont parfois difficiles à détecter et il n'est
pas toujours très clair de savoir à qui le droit de suite doit être payé etc...
Une plate-forme unique qui pourrait fonctionner en tant que point de contact entre les revendeurs
et les auteurs, peut répondre à ces problèmes.
La plate-forme unique a été déjà prévue par loi, mais l’entrée en vigueur de celle-ci a été
repoussée au 1 juillet 2015.
Cette loi a introduit plusieures modifications, notamment entre autres le délai de prescription
pour l'action relative au droit de suite qui deviendra 5 ans et la notification laquelle devra
se faire par voie électronique.
Une plate-forme unique qui pourrait fonctionner en tant que point de contact entre les revendeurs et les auteurs, peut répondre à ces problèmes
Le 27 février 2015, un arrêté royal a été adopté prévoyant la creation de la plate-forme unique
et fixant les conditions auxquelles elle doit correspondre, ainsi que les modalités pour la gestion
administrative du droit de suite.
La plate-forme unique sera mis en place par SABAM et Sofam, les sociétés de gestion nommés par le
Roi, et centralisera toutes les déclarations et payements du droit de suite dans notre pays.
La plate-forme unique devra publier une liste des oeuvres sur son site web qui ont fait l’objet
d’une notification de revente par un professionnel du marché de l’art, et ceci endéans les trois
mois après la notification.
De ce fait, elle devra assurer une plus grande transparence dans la gestion du droit de suite, tant
pour les acteurs du marché de l’art que pour les bénéficiaires.
Le projet d’arrêté royal (fixant les conditions et les procedures pour la gestion du droit de
suite) est soumis pour avis au Conseil d’Etat.
Nous vous tiendrons informé de cette nouvelle legislation.