- Lynn Pype
- moteur de recherche , résultats de la recherche , faire retirer un URL , le rôle de l'individu dans la vie publique , radiation des résultats
A la suite de la décision "Google Espagne et Google Inc. c. Espagne" du 13 mai 2014,
la Cour européenne de Justice a jugé que Google (et les moteurs de recherche en général) devait
supprimer des résultats de la recherche, lorsqu'un individu le demande.
Google s'est conformé à la décision et a mis en oeuvre un processus de demande.
Grâce à l'utilisation d'un formulaire standard, tout individu est en mesure de faire une
demande officielle afin de faire retirer les URL spécifiques qui contiennent son nom.
Google est chargé de décider si des URL doivent être supprimés des résultats de recherche. Dans sa
décision, Google tiendra compte de différents critères tels que le rôle de l'individu dans la
vie publique, la nature de l'information, la source de l'information et le moment de la
publication.
Si Google rejette la demande, la personne peut déposer une plainte devant l'autorité nationale
en matière de vie privée ou devant un tribunal local.
Google a également nommé un conseil consultatif qui agit en tant qu'expert indépendant pour
conseiller Google sur la manière de faire suite à la décision de la Cour et d'atteindre
l'équilibre entre le droit d'un individu à la vié privée et l'intérêt du public
d'accéder à l'information.
Le conseil consultatif est composé de huit spécialistes dans le domaine de la protection des
données. Le conseil consultatif affirme que tous les membres se sont portés volontaires pour
participer et qu'ils n'ont pas été payés par Google pour le faire. Ils n'ont pas signé
un accord de non-divulgation et ne sont pas dans une relation contractuelle avec Google.
Le conseil consultatif a rendu un rapport le 6 février 2015 dans lequel il a formulé diverses
recommendations sur les critères d'évaluation des demandes de radiation, ainsi que sur les
éléments de procédure qui devraient être mis en place.
Ils ont identifié quatre critères principaux que Google devrait utiliser pour évaluer les demandes
des personnes :
Le RGPD, qui entrera en vigueur au 25 mai 2018, contient des provisions spécifiques par rapport
à l’application du droit à l’oubli ou le droit à l’effacement.
Selon l’article 17, la personne concernée a le droit d’obtenir du responsable du traitement, dans
les meilleurs délais, des données à caractère personnel la concernant.
Le responsable du traitement a l’obligation d’effacer ces données dans certaines circonstances. Par
exemple, le droit à l’effacement peut être appliqué lorsque les données à caractère personnel ne
sont plus nécessaires au regard des finalités pour lesquelles elles ont été collectées ou lorsque
la personne concernée retire le consentement sur lequel est fondé le traitement.
Dans le cas ou le responsable du traitement a rendu publiques les données à caractère personnel et
qu’il est tenu de les effacer, le responsable, compte tenu des technologies disponibles et des
coûts de mise en œuvre, doit prendre des mesures raisonnables pour informer les responsables du
traitement qui traitent ces données à caractère personnel que la personne concernée a demandée
d'effacer.
Cependant, la GDPR a prévu quelques exceptions. Le responsable du traitement ne devra pas répondre
à la demande lorsque le traitement est nécessaire à l’exercice du droit à la liberté d’expression
et d’information, pour respecter une obligation légale qui requiert le traitement, pour des motifs
d’intérêt public dans le domaine de la santé publique, à des fins archivistiques dans l’intérêt
public ou à la l’exercice ou à la défense de droits en justice.
Si la demande de radiation est acceptée, Google exclura les URL en question des résultats de la
recherche.
Le contenu lui-même ne sera évidemment pas supprimé. Google ne contactera pas les webmasters et ne
prendra aucune autre action. Il appartient à l'individu concerné de prendre d'autres
mesures s'il veut que le contenu réel soit également supprimé.
Au début, les URL n'étaient supprimées que de la liste des résultats des domaines locaux de
Google, comme Google.be ou Google.fr. Les autres domaines de Google, et en particulier le domaine
Google.com, restaient inchangés.
Comme nous l'avions déjà souligné dans un article précédant,
l'exercise du droit à l'oubli était plutôt inefficace étant donné que les données
indésirables pouvaient facilement être trouvées sur d'autres sites Web de Google.
Par conséquent, l'autorité française de protection des données (CNIL) a exigé que Google
supprime les URL à l'échelle mondiale. Après quelques hésitation, Google a suggéré de radier
les résultats de tous les domaines de Google dans le pays de l'individu. Cela signifie que la
radiation de certains résultats est toujours déterminée géographiquement. Si la demande d'un
individu belge est acceptée, les URL ne seront pas visibles sur aucun site Web de Google accessible
depuis la Belgique, mais pourraient encore apparaître en dehors de la Belgique.
Cependant, la CNIL n'était pas satisfaite de la proposition de Google et a ordonné que les URL
soient retirés des résultats, quelle que soit la location de l'individu. La CNIL a condamné
Google à une amende d'un montant de 100.000 Euro.
suppression des domaines nationaux du moteur de recherche de Google au sein de l'UE est le moyen approprié pour mettre en oeuvre la décision de la Cour de Justice européenne
A cet égard, il convient de signaler que le conseil consultatif a prêté attention à la portée
géographique de la radiation et est venu à la conclusion que la suppression des domaines nationaux
du moteur de recherche de Google au sein de l'UE est le moyen approprié pour mettre en oeuvre
la décision de la Cour de Justice européenne.
On peut douter que les exigeances de la CNIL soient maintenues. Bien que la situation actuelle
permette toujours de contourner le droit à l'oubli, il reste à savoir si la CNIL a la
compétence pour ordonner à Google de changer ses résultats de recherche en dehors de la France.
En mai 2016 Google a introduit un recours contre la décision de la CNIL. Le tribunal n'a pas
encore rendu son jugement.
Depuis le lancement du processus officiel de demande en 2014, Google a reçu 568.881 demandes,
afin de supprimer 1.727.251 URL. Selon ses propres statistiques, Google supprime environs 43,2% des
URL en question.
Si vous désirez exercer votre droit à l'oubli, nous pouvons évaluer les chances de succès de
votre demande et nous pouvons vous aider et vous assister dans ce processus.
N'hésitez pas à nous contacter si vous avez d'autres questions à ce sujet.